Nicolas Cage nous acceuille dans un décor fait de ruines, de flammes, de tirs, mais surtout recouvert d'un impressionnant tapis de douilles. Le cadre est ainsi visible, et confirmé par les propos peu enthousiastes que l'on entend alors, de la bouche même du personnage principal: Sur terre, un homme sur douze est armé, la question étant "Comment armer les onze autres ?".

Sur un fond de documentaire romancé, ou mieux, de leçon de morale nécessaire, on plonge donc avec une joie au goût étrange, dans la vie d'un prétendu traffiquant d'armes, qui deviendra une personne incontournable dans les principaux conflits mondiaux, vendant à qui le veut, toujours avec le sourire (le relationnel client de Yuri étant parfait), n'ayant pas d'opinion, si ce n'est celle qui lui permet de voiler les yeux de sa femme, à savoir, "Est-ce un travail ordinaire ? Dans ce cas, comment avoir un regard si différent dessus ?". Et avec toute la meilleure volonté du monde, on ne peut qu'être contre lui. Si son frère à un moment sombrera dans les affres de l'addiction aux drogues, Yuri pour sa part marche fièrement, d'un pas volontairement dans un enfer d'inconsistance concernant sa propre vie (comment ne pas voir que cela pourrait tout gâcher pour lui comme pour sa famille) nourrie par des mensonges, des non-dits et paradoxalement, il sombre aussi, inconsciemment, dans un processus qui lui effacera l'âme (pour utiliser un terme qui sera le plus proche de cette "délicate" notion de bien et de mal).

Le jeu d'acteur et la narration à la première personne étant tout deux excellents, tout autant que la réalisation, on est transporté dans différents pays, constament sous l'emprise d'une vision glauque, crue, et finalement "horriblement" cynique du monde actuel, des enjeux politiques de la vente d'arme, avec ce que ça vaut comme situations cocaces, et de répliques piquantes (si je me souviens bien): Yuri vendant sa première arme, et vantant les mérites de la discrétion de l'UZI, assure à son client qu'il pourrait s'en servir pour le tuer sur le champ, les occupants de la chambre voisine n'entendraient absolument rien. Le client en question pointe donc le UZI sur Yuri, et ce dernier de répondre alors "...mais ça sera contre productif". Comme dans "À tombeau ouvert", ce cynisme est appréciable car il change du pathétique portrait d'un monde trop manichéen, en nous offrant un héro qui est une ordure, qui s'en doute mais que cela ne dérange pas, du début jusqu'à la fin.

Si vous pouvez résister au plus cinglant cynisme, n'hésitez pas. À voir absolument.
(n_n)
merci allocine.fr