Premier film d'un réalisateur plutôt à l'aise dans le court (kourtrajme), melting-pot de discretes mais efficaces figures connues du film, comme du téléfilm, performance de Vincent Cassel dans le rôle d'un campagnard à l'apparence effrayante et aux intentions violentes, "Sheitan" est un film de "potes". À voir avec des potes, pour déconner, surtout. Et plus encore, si vous êtes de ce genre: À vous vêtir en survêtement (avec un ourlet relevé bien au dessus du mollet), la casquette vissée de travers, la démarche de canard, le GSM à 300€ (parce qu'il à un pur look, même si 90% de ses options ne seront jamais utilisées), fan de booba/la brigade/[insérez ici un groupe de rap français] toujours prêt à lacher un "wesh gros, ça va cousin, bien ou quoi ?", bref, le cliché du djeun de banlieue, communément nommé "racaille" (message au petit Nicolas: ça peut-être une caricature ridicule, elle est quand même vraie. Comme les "jacky" ou les fans des "Johnny ").

Pourquoi un film qui serait adressé uniquement à ces djeuns ? Pour ces trois protagonistes déjà, reflet de la population de banlieue, ou du moins la plus montrée (et parfois la plus caricaturale). On rigole donc d'un de ces zozo lorsqu'il s'énerve tout seul contre une chèvre, avec la posture de circonstance: menton collé au torse, regard de buffle, signe de croix avec les bras un poil plus bas, et cette phrase percutante, "tu veux t'taper ?". Ces trois jeunes gens sont donc en discothèque. Ils boivent, ils draguent, la barmaid pour l'un, une chaudasse pour l'autre. Sortie brutale de discothèque, la chaudasse en question les invitant à venir squatter dans sa demeure, bien loin de la banlieue, et de Paris. Quelques heures plus tard, ils arrivent sur un chemin, stoppé par des chèvres.

L'occasion pour eux de faire la connaissance de Vincent Cassel, en bougre stupide et fort. Nos trois lascars et leur deux midinettes vont ainsi débarquer dans un village peuplés d'abrutis, enflant un pesant sentiment de frayeur constante, lequel est alimenté régulièrement par des rires gras, des faciès ruraux proches de la pire fête foraine (mais si, souvenez vous de la fameuse femme araignée). Le film débutant sur un rythme urbain et classique embraye sur un aspect bien plus rural et traumatisant, pour tout aussi lentement en venir à une fin glauque au possible, digne d'un cauchemard, où l'on se prend d'empathie pour la pauvre victime, victime déjà de son esprit de solidarité, de la folie d'un rite satanique (euh, merci Vincent Cassel), et surtout victime d'un film à la réalisation bancale, festif certes, mais surtout sympatoche.

Oui, voilà, c'est bien le mot du film, sympa, sans plus. Surement "mémorable" car un peu choquant (visuellement), drôle pour certains, lourd pour d'autres, un bon moment trop vide, mais habillé de pépites de talent(s).